Rencontre avec des métiers de la recherche
Trente-cinq élèves du lycée Jacques-Monod, à Clamart dans les Hauts-de-Seine, ont renconté des scientifiques de I’Institut. Ils racontent l’impact de ces échanges sur leur perception de la recherche et leur orientation future.
1. Quel est le principe de cette rencontre ?
Une clochette tinte. C’est le signal. Ce 14 décembre 2023, dans la salle polyvalente du lycée Jacques-Monod, à Clamart, dans les Hauts-de-Seine, sept scientifiques de l’IRSN se répartissent, chacun à une table où les attend un groupe de cinq élèves de classe de première. Un physicien déploie une carte représentant une simulation d’accident nucléaire en France, un technicien explique le fonctionnement d’un radiamètre, une étudiante en thèse présente ses recherches sur le cancer, une sismologue montre des photos de bâtiments lézardés… douze minutes, c’est le temps dont chacun dispose pour présenter son métier avant de permuter.
Ce speed meeting est une création du dispositif Declics1, promu par le Cercle FSER2 et auquel s’est associé l’Institut dans le cadre de sa mission d’information et de pédagogie. L’objectif ? Faire découvrir aux lycéens la diversité des métiers de la recherche, expliquer la démarche scientifique, sensibiliser aux enjeux de sûreté et, pourquoi pas, susciter des vocations.
2. Qui en a eu l’initiative ?
Début 2023, des élèves du lycée Jacques-Monod, situé tout près du siège de l’IRSN à Fontenay-aux-Roses, participent aux ateliers de radioprotection animés par Alain Chapel, chercheur en radiobiologie. Un succès sur lequel Étienne Brousse, professeur principal d’une classe de première et enseignant de SVT3 entend bien capitaliser : « Le Cercle FSER m’a contacté pour participer au dispositif Declics dans le cadre d’heures consacrées à l’orientation. C’est une excellente occasion de faire découvrir aux élèves toute la diversité des métiers de la recherche et de déconstruire au passage les stéréotypes sur les chercheurs. » Il reprend contact avec l’IRSN, qui sélectionne en interne des ambassadeurs pour représenter une grande palette de métiers et de profils : sismologue, sociologue, physicien modélisateur, biologiste, technicien, thésard, chargé de recherche…
3. Qu’ont appris les lycéens ?
Au fond de la salle, Étienne Brousse surveille l’alarme de son téléphone. La fin du décompte approche. Il saisit une dernière fois sa clochette et sonne la fin des rencontres. Le temps est passé vite. « La diversité des profils m’a vraiment surprise. Il y en a pour tous les goûts », commente la jeune Maryem. « Je n’imaginais pas qu’il puisse y avoir des chercheurs en sociologie ou en épidémiologie dans un tel institut », poursuit Lounès. « On imagine plus des sciences dures comme la physique ou la chimie », abonde Enzo.
Une autre dimension frappe les lycéens : le caractère collectif et international de la recherche. « On se rend compte qu’un chercheur n’est pas seul dans son laboratoire. Au contraire, il travaille en réseau et à l’international et partage ses résultats. J’ai appris qu’il y a une véritable organisation avec différents profils qui travaillent ensemble, réfléchissent entre eux pour faire avancer la connaissance et se préparer à différentes situations de crise », ajoute Louis Kosta. « J’ai été surpris d’apprendre que, dans ces métiers, on peut être amené à travailler avec des décideurs et parler directement avec le préfet en cas de crise », s’étonne quant à lui Korto, qui, comme d’autres de ses camarades, découvre la prise directe de ces métiers, non seulement sur la société, mais aussi sur les décisions politiques.
4. Quelle influence sur leur orientation ?
Dans l’imaginaire des élèves, recherche rime souvent avec excellence et, surtout, avec études longues. À l’issue de cette rencontre, ils se rendent compte que ce n’est pas toujours le cas. Par exemple, on peut travailler dans la recherche comme technicien après seulement deux ans de DUT et s’épanouir dans des projets passionnants. Mais ce qui a le plus étonné Élisa et Evan, c’est sans doute le côté accessible de ces métiers, pourvu qu’on ait le déclic au bon moment. Un chercheur leur confie par exemple avoir redoublé au lycée. Mais cela ne l’a pas empêché, plus tard, de se passionner pour un sujet, de se découvrir une vocation et de se lancer dans une brillante carrière. « On s’imagine qu’il faut forcément avoir les meilleures notes dès le lycée pour devenir chercheur. Les témoignages des scientifiques nous montrent qu’il peut y avoir des erreurs de parcours, que tout n’est pas tracé d’avance. C’est rassurant ! » De quoi faire sauter certains verrous psychologiques et décomplexer ces jeunes vis-à-vis des carrières scientifiques.
5. Quel est le bilan de cet événement ?
Pour leur professeur Étienne Brousse, ces rencontres sont une aubaine : « Elles permettent d’incarner des métiers par des parcours de vie et des témoignages de terrain. Les élèves repartent avec une vision plus concrète de la réalité de la recherche. » Certains voient même leur curiosité attisée : « Cela donne envie de découvrir leur environnement de travail », confirme Élisa. À l’instar d’une quinzaine d’autres élèves de la classe, celle-ci a rédigé une lettre de motivation pour être accueillie prochainement en stage dans un laboratoire de l’IRSN et découvrir plus concrètement le quotidien d’un scientifique.
1. Dialogues entre chercheurs et lycéens pour les intéresser à la construction des savoirs : https://www.cerclefser.org/fr/declics/
2. Fondation Schlumberger pour l’éducation et la recherche
3. Sciences de la vie et de la terre
Reportage photo : © Julie Glevarec/IRSN
Article publié en avril 2024