Radioprotection des professionnels : à chaque situation son dosimètre

Opérationnels ou passifs, pour le corps, les doigts ou le cristallin… Différents dispositifs quantifient l’exposition des travailleurs aux rayonnements. 

Lors de l’enlèvement d’un paratonnerre, cet opérateur porte quatre dosimètres : un passif, un opérationnel, un bracelet et une bague.
Lors de l’enlèvement d’un paratonnerre, cet opérateur porte quatre dosimètres : un passif, un opérationnel, un bracelet et une bague. - © Florence Levillain/Signatures/ Médiathèque IRSN

TÉMOIGNAGE - Stéphane Pont : "L’étude de poste, préalable indispensable au choix de l’appareil"

Stéphane Pont, responsable de l’activité rayonnement chez Dekra
Stéphane Pont, responsable de l’activité rayonnement chez Dekra - © S. Pont

"L’entreprise réalise des études de poste auprès des professionnels manipulant des sources de rayonnement. Nous évaluons la dose reçue par les travailleurs et prenons des mesures préventives. Cela se fait en trois étapes.

Premièrement, nous identifions les tâches à risque pour le travailleur. Nous analysons le poste de travail – durée, fréquence d’exposition, emplacement… –, la nature de la source d’émission – type, orientation… – et les protections prévues. Dans un deuxième temps, nous quantifions l’exposition par des calculs prévisionnels ou des mesures. Après l’analyse des pratiques, nos spécialistes choisissent les dosimètres adaptés : corps entier, cristallin ou extrémités (voir infographie). Par exemple, un laborantin travaillant sur une source de rayon peut être protégé au niveau du corps par un écran plombé, mais avoir les mains exposées pendant les manipulations. Auquel cas des dosimètres adaptés aux extrémités sont utilisés en complément.

La dernière étape consiste à classer le poste dans l’une des catégories définies par le code du travail : non exposé, cat. B ou cat. A. Ces deux dernières catégories impliquent un suivi renforcé, dont la périodicité ne peut excéder quatre ans et qui nécessite une visite intermédiaire tous les deux ans pour la cat. B, ou tous les ans pour la cat. A. Des actions correctrices peuvent être mises en place pour garantir un niveau d’exposition aussi faible que possible. Il s’agit par exemple d’optimiser les pratiques – modification de l’orientation des sources émettrices, durée, positionnement du travailleur ou encore augmentation des distances. Enfin, un renforcement des équipements de protection individuels ou collectifs est également possible."


INFOGRAPHIE - Bien choisir son dosimètre

Tous les professionnels exposés aux rayonnements ionisants portent un appareil mesurant la dose reçue. En plus du dosimètre passif, d’autres équipements sont utilisés en fonction du lieu de travail ou des risques particuliers encourus. Tour d’horizon.

Infographie expliquant comment bien choisir son dosimètre
© Antoine Dagnan/Citizen Press/Médiathèque IRSN/Magazine Repères

AVIS D'EXPERT - Alain Savary : "Convaincre les plus réticents"

Alain Savary, responsable du service métrologie à l’IRSN
Alain Savary, responsable du service métrologie à l’IRSN - © Alain Savary

"Beaucoup de Personnes compétentes en radioprotection (PCR) constatent que le port du dosimètre n’est pas toujours bien respecté. C’est le cas dans les milieux médicaux, où la culture de la radioprotection n’est pas aussi ancrée que dans l’industrie nucléaire. L’utilisation de ces appareils est souvent vécue comme une contrainte, ou jugée inconfortable. Un dosimètre pas ou peu porté, c’est autant d’expositions non mesurées, et donc un suivi moins fiable des travailleurs. Les populations les plus réticentes sont pourtant les plus concernées : les activités médicales représentent 2/3 de la dose totale mesurée aux extrémités, contre 22 % pour l’industrie nucléaire ! En contact avec nos interlocuteurs, les PCR ou les médecins du travail, nous veillons à expliciter les résultats de nos mesures et à les mettre en perspective afin d’apprécier le risque. Il faut aussi mieux informer sur le fonctionnement des équipements. En fin de journée, il est important de bien replacer le dosimètre à la place prédéfinie par la PCR aux côtés du dosimètre « témoin ». Ce dernier sert à mesurer la part des rayonnements naturels provenant des sols ou du rayonnement cosmique, et à déduire la dose effective liée aux activités du travailleur… Sans quoi les résultats sont moins fiables !"


INFORMATIONS PRATIQUES

Les autres équipements - Le dosimètre d’ambiance

Mis en place par la Personne compétente en radioprotection (PCR), il mesure la zone ambiante pour s’assurer que les locaux attenants aux zones surveillées ou contrôlées ne dépassent pas les 80 μSv par mois.

Les autres équipements - Après la journée de travail

Lorsqu’il quitte une zone contrôlée et surveillée, le travailleur dépose son ou ses dosimètre(s) sur un tableau. Ce dernier est à l’abri de toute source de rayonnement, de chaleur et d’humidité.

Réglementation - Cristallin : surveillance renforcée

Une directive européenne modifiant la règlementation pour l’exposition du cristallin vient d’être transposée en droit français. La dose limite d’exposition annuelle pour l’œil fixée a 150 mSv passe à 20mSv – la même que pour le corps entier. De quoi faire entrer la surveillance du cristallin dans les mœurs.

Cas particulier - Les personnels de l’aviation

Pour ces professionnels, la réglementation n’impose pas de recourir à la mesure dosimétrique. La dose reçue est déterminée par une méthode de calcul prévisionnel, historiquement privilégiée. En revanche, la réglementation impose, dans l’aviation comme ailleurs, un suivi médical et la formation de PCR.

Tableau de dosimètre
Tableau de dosimètre - © Laurent Zylberman/Graphix-Images/Médiathèque IRSN

POUR EN SAVOIR PLUS


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Article publié en juillet 2018