REPORTAGE - Urgence : réagir en cas d’accident de transport
Alerte au Centre technique de crise (CTC) de l’IRSN : un accident de transport est déclaré. La situation doit être expertisée et les pouvoirs publics ont besoin de recommandations pour protéger la population en cas de rejets radioactifs.
Le 14 novembre 2019, au CTC1, à Fontenay- aux-Roses (Hauts-de-Seine), les équipiers sont sur le qui-vive. Un accident entre deux camions, dont l’un transporte des matières radioactives, a lieu sur l’autoroute A711, au point kilométrique 2,3 entre Lyon (Rhône) et Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Les visages sont tendus, chacun s’affaire à sa tâche. Heureusement, ce n’est qu’un exercice ! La cellule mobile de l’Institut se trouve sur les lieux de l’accident afin de fournir des informations au CTC. « Nous devons nous adapter à toute situation », explique Sylvie Supervil, responsable de la cellule de direction de crise (CD) lors de cet exercice. Le contexte n’est pas favorable : un incendie s’est déclaré dans un camion. Éjecté du véhicule, un des quatre colis radioactifs se trouve dans une rivière… En contact avec l’autorité compétente, la préfecture et la cellule mobile de l’IRSN, la CD établit des recommandations pour les pouvoirs publics.
Réaliser un pronostic
L’organisation de crise implique les cellules d’évaluation de l’installation (CEI), d’évaluation des conséquences radiologiques (CCR), de support logistique (CSL) et de communication (CCOM). Animatrice de la CEI, Florence Gauthier est spécialiste de la sûreté des installations nucléaires : « Nous établissons un diagnostic de l’état du colis, un pronostic de la situation et un pronostic aggravé si l’incendie n’est pas maîtrisé. Nous recevons des informations sur le terme source – le type de matière impliquée et sa quantité – et sur l’incendie. Nous évaluons son impact sur les colis et nous soucions de l’intégrité de celui plongé dans la rivière. Nous nous assurons de l’absence de dispersion de matière, radioactive ou chimique. »
Évaluer l’impact sur la population
Emmanuel Quentric, spécialiste en évaluation des conséquences d’un rejet accidentel, anime la CCR : « Nous caractérisons la contamination, évaluons son impact sur la population et proposons des actions de protection. » La cellule suit les évolutions météorologiques, calcule les transferts atmosphériques et terrestres des contaminants et évalue les doses susceptibles d’être reçues. « Nous confirmons le lieu exact de l’accident et inventorions les populations et les productions agricoles afin d’identifier les priorités, indique-t-il. Nous émettons un diagnostic et un pronostic avec nos outils de simulation et des mesures réalisées sur le terrain. » La CCOM, quant à elle, diffuse aux médias et au public les résultats des mesures de radioactivité dans l’environnement et accompagne la communication des autorités « pour expliquer le risque au plus grand nombre », indique Christine Goudedranche, responsable communication de crise.
1. Opérationnel 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, le CTC est le centre névralgique de l’organisation de l’IRSN en cas de crise.
Bibliographie
Rapport IRSN 2014-2015 sur la sûreté des transports de substances radioactives à usage civil sur le territoire français. www.irsn.fr/transport-2015
Le séminaire ANCCLI www.irsn.fr/Seminaire- HAMAVL
Le transport de matières radioactives sur le site de l’IRSN. www.irsn.fr/transports
Repères N°15, octobre 2012 Les colis de matières radioactives soumis à rude épreuve www.irsn.fr/R15
Repères N°18, juillet 2013 Comment se déroule l’agrément d’un nouveau colis de transport ? www.irsn.fr/Reperes-18
Repères N°25, juin 2015 Que devient un colis de transport après 30 minutes de feu à 800°C ? www.irsn.fr/R25
Contacts
ÉOT : vincent.dupond@irsn.fr
Article publié en avril 2020