Accompagner les habitants face au risque radon

Gaz radioactif naturel et cancérogène, le radon est surtout présent dans les zones granitiques, où il peut pénétrer dans les maisons. À l’initiative de l’IRSN, des habitants de la Haute-Vienne ont effectué des mesures à l’aide de détecteurs. Face à des résultats élevés, des actions simples peuvent permettre de diminuer l’exposition. Les réponses à 5 questions.

Mesure du débit de dose gamma dans l’environnement lors de l’étude sur le radon à Kersaint (Bretagne) par deux experts de l’Institut
Mesure du débit de dose gamma dans l’environnement lors de l’étude sur le radon à Kersaint (Bretagne) par deux experts de l’Institut - © Olivier Seignette/Mikaël Lafontan/IRSN

1. Quel risque pour ma santé ?

L’expert utilise une sonde bas flux avec un radiamètre pour mesurer la radioactivité.
L’expert utilise une sonde bas flux avec un radiamètre pour mesurer la radioactivité. - © © Laurent Zylberman/Graphix-Images

Le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle émis par le sol et les roches. Incolore et inodore, il provient de la désintégration du radium issu de l’uranium contenu dans la croûte terrestre. Il pénètre dans les bâtiments par les fondations, les caves ou les vides sanitaires. Il tend à s’accumuler dans les pièces les plus basses et les moins ventilées des habitations, comme les sous-sols. Une exposition régulière à une forte concentration pendant plusieurs années représente un risque sanitaire démontré par les études épidémiologiques. Sur la base des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et en application de la réglementation européenne, la France a fixé à 300Bq/m3 le niveau de référence qu’il convient de ne pas dépasser*. “Le radon est reconnu comme cancérogène certain pour le poumon par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) depuis 1987”, précise Didier Gay, expert en radon à l’Institut. Selon les évaluations disponibles, il serait aujourd’hui la deuxième cause de cancers du poumon après le tabac.  

*1 becquerel (Bq) de radon par m3 d’air correspond à la désintégration d’un atome de ce gaz par seconde dans ce m3 

2. Quelles sont les régions plus particulièrement concernées?

R32_IP Radon Carte potentiel radon
Carte du potentiel radon des formations géologiques de la France, à l’échelle du millionième (version 2012)

 “En France, les zones riches en radon sont les Vosges, le Massif central, la Bretagne et la Corse”, souligne Didier Gay. À la suite de campagnes de mesures effectuées dans l’habitat entre les années 1980 et 2000, 31 départements, comme la Haute-Vienne ou la Lozère, ont été classés prioritaires car fortement exposés. L’exploitation des données géologiques permet aujourd’hui de disposer d’une cartographie plus précise des zones les plus concernées. Pour connaître le potentiel radon de sa commune, il suffit de consulter la cartographie réalisée par l’IRSN sur www.irsn.fr/carte-radon. Elle indique les zones où des concentrations élevées dans les habitations sont plus probables. D’autres facteurs rentrent en jeu : structure du bâtiment, ventilation et habitudes des occupants en matière d’aération ou de chauffage.

3. Mon habitation contient-elle du radon?

Le kit de mesure radon contient trois dosimètres, un formulaire d’identification et le mode d’emploi
Le kit de mesure radon contient trois dosimètres, un formulaire d’identification et le mode d’emploi - © © Noak/Le bar Floréal/IRSN

“Chacun peut mesurer la concentration de radon dans son logement en se procurant des détecteurs auprès de sociétés privées. Il faut les placer dans les pièces occupées pendant deux mois en hiver, période durant laquelle on chauffe et on ouvre moins les fenêtres”, conseille l’expert. Les détecteurs doivent être adressés à un laboratoire agréé, qui transmet les résultats par courrier. En cas de concentrations trop élevées, une première série d’actions simples et peu coûteuses peut être testée : empêcher le gaz d’entrer, en colmatant, et s’assurer du bon renouvellement de l’air. Dans les cas plus complexes, il faut recourir à des travaux spécifiques, comme l’installation d’un système de dépressurisation du sol. 

Pour en savoir plus :

4. En quoi consistait l’expérimentation en Haute-Vienne ?

L’IRSN a lancé en décembre 2015 le programme “Radon : changeons d’air, relevons le défi”. Mené en partenariat avec deux communautés de communes de Haute-Vienne, une des régions françaises les plus exposées, il a permis à près de 800 habitants volontaires de mesurer eux-mêmes la concentration de radon à leur domicile. Il leur a suffit pour cela de se rendre dans les mairies des 15 communes partenaires afin d’y récupérer un kit comprenant trois détecteurs. Après les avoir mis en place et laissés pendant quelques semaines, ils les ont retournés au laboratoire pour analyse. Un courrier personnel – et confidentiel – a ensuite été adressé à chaque participant pour l’informer de ses résultats et lui proposer un dispositif d’accompagnement 

Pour en savoir plus :  

5. Comment les habitants ont-ils été guidés?

Réunion d’information auprès de la population en Haute-Vienne
Réunion d’information auprès de la population en Haute-Vienne - © @Claire Greau/IRSN

À l’issue de la restitution des résultats, quatre réunions d’information, ouvertes à tous, ont été organisées. Elles ont rassemblé près de 300 personnes. Des spécialistes de l’IRSN et des représentants du Lycée des métiers du bâtiment de Felletin (Creuse) ont fourni aux participants des données de base pour comprendre l’origine des concentrations et les moyens d’y remédier. Ils étaient invités à réfléchir eux-mêmes aux solutions adaptées à leur logement. Ceux qui le souhaitaient ont échangé avec les experts du Lycée. Au cours d’ateliers, ils ont confronté leur analyse et obtenu des conseils pour définir ou préciser les actions. “Notre objectif est de responsabiliser les habitants, en les orientant vers les solutions adaptées”, précise Didier Gay.  

Mesure du débit de dose gamma dans l’environnement lors de l’étude sur le radon à Kersaint (Bretagne) par deux experts de l’Institut. Le kit de mesure radon contient trois dosimètres, un formulaire d’identification et le mode d’emploi. Réunion d’information auprès de la population en Haute-Vienne.

Jean Dallaporta se prépare à exporter son savoir-faire dans les maisons les plus à risque ailleurs dans le monde.

Métier d’atténuateur de radon au Canada

La région du Nouveau-Brunswick1 est la plus contaminée du Canada. On y trouve 30 % des plus hautes concentrations mesurées dans le pays et 40 % des maisons y dépassent le seuil de 200 Bq/m3 fixé par les autorités. La certification des professionnels du radon apporte des solutions aux propriétaires, dans un pays où 7 % des résidences sont au-dessus de cette ligne directrice. Témoignage d’un atténuateur de radon certifié.


Article publié en janvier 2018