Les chercheurs se mettent au vert
Sur une parcelle expérimentale, sous les vents dominants de l’usine Areva NC de La Hague (Manche), des chercheurs se font jardiniers. Ils cultivent l’herbe de prairie, dont nous voyons ici un échantillon. Le but : mesurer les transferts dans l’environnement du tritium (hydrogène radioactif), épisodiquement rejeté dans l’air par les cheminées de l’usine. Il peut s’associer à l’oxygène dans la molécule H2O et se retrouver dans l’eau, la terre et dans l’herbe des prairies voisines, elle-même ingérée par les vaches, puis dans leur lait, et finalement dans les produits laitiers consommés par l’homme. En conditions normales, les rejets contrôlés sont très faibles et ne présentent pas de risque. Ces recherches visent à comprendre les phénomènes de transfert. Des prélèvements d’herbe, d’eau et de sol ont par exemple mis en évidence que des bactéries incorporent du tritium gazeux dans l’eau, ensuite absorbée par les végétaux. Les chercheurs ont ajouté ce processus au modèle mathématique Toccata, intégré dans la plateforme Symbiose – utilisée par des experts en cas d’accident nucléaire – qui prédit le transfert des radionucléides dans l’environnement. Ce modèle aidera l’Institut à proposer aux pouvoirs publics les mesures nécessaires pour protéger les populations (interdiction de certains aliments par exemple). Ce projet sur l’herbe de prairie est arrivé à son terme en 2017. Les travaux se poursuivent avec des cultures de légumes.
Philippe Laguionie Ingénieur-chercheur hydrologue à l’IRSN
Article publié en janvier 2018