Physicien médical, le garant des niveaux de référence diagnostiques

Gilles Le Rouzic, physicien médical, met son expertise au service de la radioprotection des patients. Il veille aux bonnes pratiques quant à l’usage des appareils de médecine nucléaire.     

Le physicien médical, Gilles Le Rouzic, contrôle le bon fonctionnement des appareils selon la réglementation en vigueur et les référentiels publiés par la Société française de physique médicale (SFPM).
Le physicien médical, Gilles Le Rouzic, contrôle le bon fonctionnement des appareils selon la réglementation en vigueur et les référentiels publiés par la Société française de physique médicale (SFPM). - © Laurent Zylberman/Graphix-Images/ Médiathèque IRSN

La course lente du tramway s’arrête devant le bâtiment flambant neuf du Centre hospitalier régional d’Orléans (Loiret). Depuis 2015, ses locaux vastes et colorés abritent de nouveaux équipements en médecine nucléaire. C’est ici que nous attend Gilles Le Rouzic, physicien médical : « Les examens d’imagerie utilisant les rayonnements ionisants sont de plus en plus prisés, relève-t-il. La tomographie par émission de positons [TEP] a révolutionné le suivi des patients en cancérologie. » L’injection aux patients de glucose « marqué » par un atome de fluor radioactif permet de repérer les cellules les plus actives, comme les cellules tumorales. Cette image fonctionnelle est superposée à celle, anatomique, d’un scanner à rayons X réalisé par la même machine dans le même temps d’examen, pour repérer où siègent les cellules tumorales. De tels examens d’imagerie sont régulièrement réalisés au cours de la prise en charge des patients. S’ils facilitent le traitement, ils contribuent aussi à l’accumulation des doses dues aux rayonnements.  

Travail d’équipe

Professionnel titulaire du diplôme de qualification en physique radiologique et médicale (DQPRM), le physicien médical a pour mission de paramétrer les appareils et d’optimiser les protocoles. Dans une grande salle climatisée, Gilles Le Rouzic nous présente le TEP-TDM – communément appelé PET-scan – de dernière génération acquis par l’hôpital. Un investissement d’environ 1,7 million d’euros qui procure une meilleure qualité d’image, sans irradier davantage et avec des temps d’examen réduits.
Pour évaluer les pratiques du service, Gilles Le Rouzic s’appuie notamment sur les niveaux de référence diagnostiques (NRD). Ces derniers sont déterminés pour les examens les plus fréquents, à partir des données envoyées chaque année à l’IRSN par les établissements français.
Les professionnels doivent essayer de se tenir sous cette « barre ». Pour Gilles Le Rouzic, il est possible de faire mieux. D’une part, les progrès technologiques rapides permettent de diminuer drastiquement les doses. D’autre part, pour les examens pour lesquels il n’y a pas de NRD – scanners de repérage associés aux examens TEP… –, il faut s’adapter. Avec une équipe de manipulateurs et de médecins, il recueille régulièrement les informations sur les doses administrées au cours des examens. Après les avoir comparées aux NRD, il met en œuvre des démarches d’optimisation – réglage des appareils, temps d’examen… – puis en évalue les résultats. Une course à la performance qui rappelle davantage le goût du physicien pour le triathlon que la course lente du tramway… 

Protection du personnel

Gilles Le Rouzic est également personne compétente en radio-protection (PCR). Il veille à la sécurité du personnel. Pour cela, le service est équipé d’une borne de dosimétrie opérationnelle (ici à l’image), qui enregistre la dose de rayons reçue par les membres de l’équipe, ainsi que d’un contrôleur de contamination. Les employés disposent tous d’un dosimètre individuel qu’ils changent tous les trimestres.


Evaluation des résultats

Gilles Le Rouzic transmet à l’IRSN les doses administrées aux patients et évalue ses démarches d’optimisation avec tableaux et graphiques. Il appelle de ses vœux l’acquisition par l’hôpital d’un logiciel qui faciliterait grandement ce travail.  


Caméra CZT

Adeline Frat, manipulatrice, place une patiente dans la caméra numérique CZT (cadmium-zinc-telluride). C’est la première en région Centre. Pour tous les examens du cœur, elle a remplacé la scintigraphie classique : les doses de rayonnements sont divisées par deux.   


Examen diagnostique

Le scanner de ce TEP-TDM est capable de fournir des images de qualité, au prix d’une dose importante pour le patient. « Comme il n’existe pas de NRD pour ces examens, nous avons mis en place une méthode permettant de diviser par trois les niveaux dont nous disposons pour les scanners diagnostiques », se félicite le physicien.  


Initiatives en radioprotection

Pauline Chevallier (debout), étudiante en physique médicale, présente aux médecins les résultats d’un nouveau protocole pour les scintigraphies. Le Dr Sabine Gauvain (de dos), chef du service, encourage ces initiatives pour la radioprotection des patients : elle souhaite diffuser ce travail dans des congrès médicaux. 


Pour en savoir plus

Niveaux de références diagnostiques : optimiser les doses délivrées. Repères n°33, page 18 et 19

 


DIAPORAMA

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Imagerie médicale : une équipe sensibilisée aux bonnes pratiques

Adeline Frat est manipulatrice au service de médecine nucléaire du centre hospitalier d’Orléans. Elle est référente de la caméra à semi-conducteurs cadmium-zinc-telluride (CZT). Cet appareil a remplacé la scintigraphie classique : les doses de rayonnements et les temps d’examen sont réduits. 

Mathieu Bailly est médecin nucléaire au centre hospitalier d’Orléans. Au pupitre de commande et de surveillance de la caméra CZT, les premières images de l’examen en cours apparaissent. À ses côtés, Adeline Frat s’assure du bon déroulement. 

Gilles Le Rouzic est physicien médical et PCR (personne compétente en radioprotection). Il a pour mission de d’optimiser les protocoles en ajustant les paramètres techniques des appareils. 

Chaque semaine, médecins, physiciens et pharmaciens du service se réunissent pour échanger sur l’optimisation des pratiques. Ici, Pauline Chevallier - étudiante en physique médicale - auprès de Gilles Le Rouzic expose les résultats obtenus grâce au nouveau protocole de scintigraphie. 

Image d'une tomographie "basse dose" en cours de reconstruction par l'appareil TEP-TDM (tomographie par émission de positon couplée à un tomodensitomètre à RX). La nouvelle caméra a permis de réduire l’exposition des patients tout en conservant une bonne qualité d’image. 

Chaque personne travaillant au sein du service de médecine nucléaire est équipée de ces dosimètres photo luminescents. Ils sont changés chaque trimestre. La couleur correspond à une période de port. 

Crédit reportage photo : Laurent Zylberman/Graphix-Images/ Médiathèque IRSN 


Article publié en janvier 2018