Le microbiote peut-il réduire les effets secondaires de la radiothérapie ?

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03/01/2024
En observant un échantillon de matière fécale humaine au microscope électronique, toute la diversité et l'abondance des bactéries du microbiote se révèlent. - © Thierry Meylheuc / Médiathèque INRAE

Quatre-vingt-dix pour cent des patients traités par une radiothérapie pour un cancer pelvien souffrent de désordres fonctionnels digestifs causés par l’irradiation de cette zone. Leur qualité de vie est dégradée. Quel rôle joue le microbiote dans cette maladie1 ? Le microbiote, aussi appelé « flore intestinale », correspond à l’ensemble des micro-organismes – bactéries, champignons, virus… – vivant dans le tube digestif en symbiose avec le corps. Des recherches montrent le pouvoir de certaines souches bactériennes ou probiotiques sur la protection de cet organe face à l’irradiation2. L’élaboration par l’IRSN d’un modèle préclinique de la maladie, associé à une analyse des données par des outils mathématiques et statistiques, apporte des éléments de réponse sur l’état du microbiote au cours du temps après irradiation. Certaines voies métaboliques, au sein d’un groupe spécifique de bactéries, sont altérées et cela est directement corrélé à la sévérité des dommages du côlon. Ces bactéries et leurs voies métaboliques constituent une nouvelle cible thérapeutique potentielle.

Alexandra Sémont (à gauche), chercheuse, et Mallia Geiger, doctorante, étudient le microbiote intestinal dans le cas de radiothérapie au sein du Laboratoire de radiobiologie des expositions médicales de l’IRSN à Fontenay aux Roses (Hauts-de-Seine). - © Albane Noor/Signatures/Médiathèque IRSN

Ces travaux sont menés par le Laboratoire de radiobiologie des expositions médicales de l’IRSN, à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), avec plusieurs équipes de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae)3 et 4. Les recherches se poursuivent à l’Institut pour valider les hypothèses et proposer un traitement de la maladie. Le transfert d’un microbiote fécal sain vers un patient souffrant de cette maladie pourrait être une option thérapeutique. Elle est actuellement testée expérimentalement à l’IRSN.

 

1. Cette maladie correspond aux problèmes transitoires ou chroniques, et notamment digestifs, liés à un dommage du tissu sain (non tumoral) consécutif à un traitement des cancers pelviens par radiothérapie. Elle est dénommée PRD pour pelvic radiation disease.
2. Alexia Lapiere et al., 2020, Gut Microbes, DOI :10.1080/19490976.2020.1812867
3. Université Paris-Saclay, Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), MetaGenoPolis (MGP) et AgroParisTech, Micalis, Jouy-en-Josas, France
4. C2VN, Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (inrae), Inserm, Aix-Marseille Université, Marseille, France