DOSSIER - Agressions naturelles : mieux protéger la source froide
L’eau est nécessaire au refroidissement des centrales nucléaires. La source froide - eau pompée d'un fleuve, d'une rivière ou de la mer pour refroidir les réacteurs - est essentielle pour la sûreté. Lors de la conception des réacteurs, les agressions naturelles possibles de la station de pompage ont été insuffisamment étudiées. La prise en compte par EDF des risques liés aux agressions naturelles résulte d’un dialogue de plusieurs décennies avec l’IRSN. Des incidents survenus en 2009 à la centrale de Chooz dans les Ardennes accélèrent les mises à niveau nécessaires. Par exemple des dispositifs comme des tambours filtrants et des dromes flottantes sont mis en place contre les risques liés aux colmatants végétaux. Les procédures de conduite, de gestion de crise et de surveillance des installations évoluent. L’exploitant assure désormais une veille environnementale.
La perte simultanée de sources froides, mise en évidence lors de la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011, est étudiée depuis plusieurs années en France. Cet accident conduit à envisager une nouvelle accidentelle : une perte totale des sources froides et de l’électricité affectant l’ensemble des réacteurs et des piscines d’entreposage. Les experts examinent les dispositions retenues par l’exploitant pour gérer une telle situation.
ÉDITO - La culture du risque, une priorité pour tous
L'Institut poursuit ses actions pour informer le public, les professionnels et les parties prenantes. Ainsi, dans un contexte de prolongation de l'exploitation des réacteurs au-delà de quarante ans, de réexamens de sûreté, de construction de nouvelles installations, l'IRSN renforce la transparence et la participation sur la sûreté nucléaire, la radioprotection et la gestion du risque. Tous les avis* sont publiés bimensuellement sur le site www.irsn.fr, conformément à la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte. Par ailleurs, l'IRSN entend poursuivre son engagement auprès de l'ANCCLI**, sur les sujets complexes à fort enjeu et développer les initiatives impliquant la société civile. Ce magazine Repères y contribue. L'enquête de lectorat, à laquelle vous avez répondu nombreux, montre que c'est pour vous un support adapté d'information et de connaissance. Vous y recherchez le traitement prédagogique de sujets complexes sur la radioprotection et la sûreté nucléaire.
* hors ceux relevant de la défense
** Association nationale des comités et commissions locales d'information
Jean-Christophe Niel
Directeur général de l'IRSN
Centrale de Chooz : quelles évolutions après l’événement du 9 janvier 2009 ?
Neige, vent, séismes, canicule, frasil pris en glace, colmatants végétaux… la liste des agresseurs possibles de la source froide est longue. Le 9 janvier 2009, à la centrale de Chooz dans les Ardennes, c’est de la glace qui menace la source froide. Le réexamen de sûreté des installations tous les dix ans est l’occasion de soulever la question des agresseurs possibles et de réexaminer la protection des installations. Un dialogue de sûreté entre l’exploitant et les experts durant plusieurs années permet la mise en place d’actions à court et moyen termes.
Des modifications sur l'ensemble du parc
Rénovation. À la suite des événements de 2009, l’exploitant a engagé une remise à niveau des stations de pompage à Cruas (Ardèche) et sur l’ensemble du parc de réacteurs en France. Modifications matérielles, évolution des procédures de conduite, dispositif de gestion de crise : tout est bon pour améliorer la sûreté des sources froides.
La perte simultanée de sources froides
Cas extrême. Cette situation, mise en évidence lors de la catastrophe de Fukushima en 2011, est déjà étudiée en France depuis plusieurs années.
Dossier publié en juillet 2016